Antonymos
« Musique ! » ordonna l’empereur,
« Je veux danser avec mes morts ».
Un verre, un deuxième et un troisième.
Il rejoint mon rêve de la veille.
Le derviche danse,
Tourne encore et encore.
Dans le creux de ses mains,
Le blasphème et la repentance.
Les mots voguent au grès des vertiges.
Le brouillard épais étreint …
Une lumière sans corps.
Et la jeune fille chanta :
Il était une fois, une ville lointaine
Et un choral sans choeur.
Le derviche danse,
Tourne encore et encore
Dans le creux de ses mains
Un pêché et un pardon.
L’ange parla ...,
Des cieux et des terres,
Et d'un oiseau ...
entre le ciel et la terre.
« Silence !» ordonna l’empereur,
« Je veux étreindre mes morts. »
Un verre, un deuxième et un troisième.
Il rejoint mon rêve de la veille.
Le derviche danse…
Tourne encore et encore.
Dans le creux de ses mains,
L’injure et la prière.
« Là-bas est mon corps ...
Ici est mon cercueil » créa le soldat.
« Allons chanter la chanson ultime ...
Allons crier le cri ultime
et faire l'éloge de la défaite et du triomphe ».
Entonna l’inconnu.
Le derviche tourne encore et encore.
Dans le creux de ses mains
Un jour et sa veille,
La cendre et la braise.
Et en moi, il y a le rêve et l’éveil,
Le passé et le présent,
L’absence et la présence.
Et en moi, il y a
Le vagabond,
L’antonyme de moi-même.